« Au-delà des populations particulièrement vulnérables, cette crise révèle et risque de renforcer les inégalités sociales qui traversent de manière structurelle l’ensemble de la société ».
Selon Mélanie Villeval et Lucie Pelosse, Chargées de projets à lIREPS Auvergne-Rhône-Alpes et auteures de cet article, « Cette crise révèle aussi les inégalités sociales qui traversent notre société ainsi que les difficultés croissantes rencontrées et dénoncées par les professionnels de plusieurs champs […]. Au-delà du constat, il s’agit de mener une réflexion sur des pistes d’action collectives à soutenir ou engager en promotion de la santé. […]
Le vécu de la situation, comme notre santé mentale plus globalement, est fortement influencé par les conditions dans lesquelles nous sommes amenés à vivre cette épidémie et les choix politique qu’elle a entraînés. Nous ne sommes pas égaux face au confinement : notre état de santé avant l’épidémie, lui- même fortement déterminé par notre appartenance à une catégorie sociale ou une autre, va notamment avoir un impact. Notre logement (confortable ou surpeuplé, insalubre, etc.) et notre cadre de vie (avons-nous un balcon, un jardin, la possibilité de prendre l’air sans croiser d’autres habitants ?), mais aussi la richesse de nos liens sociaux et ceux que nous pourrons maintenir ou non en fonction de notre équipement et/ou de notre capacité à s’en saisir (échange vidéo avec des proches, par exemple), seront également déterminants. […]
Au-delà de la réponse à l’urgence, cette situation exceptionnelle donne l’occasion aux acteurs de la promotion de la santé de réaffirmer l’ancrage politique de celle-ci. En effet, la promotion de la santé n’est pas qu’un simple empilement de méthodes et démarches. Elle porte des valeurs et un projet de société fondés sur la justice sociale. Enjeu crucial qui fait dire à la Commission des déterminants sociaux de la santé de l’OMS que « la justice sociale est une question de vie ou de mort » et un impératif éthique. Ainsi, la lutte contre les inégalités sociales de santé nécessite-t-elle une meilleure répartition du pouvoir, de l’argent et des ressources, c’est-à-dire les facteurs structurels dont dépendent les conditions de vie quotidienne aux niveaux mondial, national et local ». La crise que nous traversons atteste de cette problématique de répartition du pouvoir et des richesses qui doit être profondément modifiée. Les acteurs de la promotion de la santé ont plus que jamais un rôle de catalyseurs à jouer pour renforcer le pouvoir d’agir et l’accès des populations aux processus politiques aboutissant à des décisions qui affectent leurs conditions de vie et leur santé. Il s’agit ainsi de contribuer au développement de la participation citoyenne en santé ».